Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

sur son front, et surtout au Gnathon de Térence, florissant exploiteur de la sottise des riches. Ce ne sont pas encore les brutalités des mœurs romaines ni les impudentes forfanteries et les amplifications chargées où se complairont les Latins ; mais ce peu de traits ont un air de vérité simple qui intéresse et se maintiennent dans ce ton de mesure discrète qui sied bien au moraliste grec.

C’est le caractère tempéré qui domine dans nos fragments, et l’on est disposé à croire qu’il en est de même dans toute la partie morale du théâtre d’Épicharme. Il nous est parvenu quelques anecdotes sur son séjour à Syracuse. Deux nous font entrevoir que les rapports avec Hiéron n’étaient pas toujours faciles ; elles nous montrent par quelles duretés, au milieu de ses faveurs et de ses magnificences, s’échappait parfois l’orgueilleuse et violente nature du tyran. Une troisième anecdote est d’un intérêt plus intime, parce qu’elle nous donne bien le ton de la sagesse sereine du poète moraliste, instruit par la méditation et par l’expérience de la vie. Vers la fin de sa longue carrière, il était un jour assis sous un portique avec des vieillards de son âge : « Je ne voudrais plus que cinq ans de vie, se mit à dire l’un d’eux. — Trois me suffiraient, dit un autre. — Quatre, reprit un troisième. — Mes bons amis, interrompit Épicharme, à quoi bon vous disputer pour quelques jours ? Nous tous, que le sort