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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

essayé l’art naissant, à la perfection de petits tableaux d’un charme particulier, dont la spirituelle élégance laissait subsister la sève native et comme le goût de terroir de ces produits tout siciliens. Il serait possible aussi qu’on la retrouvât encore dans les tragi-comédies de Rhinton, qui, un siècle et demi après, faisait enfin aboutir les antiques farces des phlyaques tarentins à des parodies en vers des tragédies athéniennes. Le succès de ces petits drames, dont l’Amphitryon de Plaute est peut-être une lointaine imitation, est attesté par les nombreuses peintures de vases qu’ils avaient inspirées.

Mais les vrais héritiers d’Épicharme, ce sont les poètes de la nouvelle comédie athénienne. C’est à eux qu’il transmit le ton tempéré et la fine élégance qui paraissent avoir dominé chez lui, l’usage de certaines figures aux contours arrêtés, de types, enfin et surtout la richesse de son observation morale.

La transmission des types prêterait à une intéressante étude, si l’on avait sous les yeux les œuvres à comparer. On sait que la nouvelle comédie mettait en scène un certain nombre de figures à traits fixes et constants. Les circonstances particulières du sujet et l’intrigue, quelques nuances de caractère y introduisaient une certaine diversité ; cependant c’étaient toujours, avec leurs variétés définies et classées d’avance, le vieillard, le jeune homme, l’esclave, le parasite, la courtisane, l’en-