Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
ÉPICHARME

tremetteur ; si bien que le poète trouvait au magasin de costumes une collection de masques tout prêts pour ses personnages. Telle était dans la comédie nouvelle une des formes du général, pour emprunter la langue d’Aristote. Quelques degrés de plus, et l’on arrive aux masques plus invariables encore et plus restreints des Atellanes, dont le Maccus, le Pappus, le Dossennus, souvenirs éloignés des farces doriennes de la Campanie, se retrouveront dans le Polichinelle, le Pantalon, le Docteur de la comedia dell’arte. L’art vit de traditions, qu’il fixe dans des formes plus ou moins arrêtées. Notre comédie moderne n’a-t-elle pas aussi ses rôles, définis, il est vrai, au point de vue des acteurs, mais dont les dénominations sont claires pour le public ? Les pères nobles, les jeunes premiers, les ingénues, les grandes coquettes : ces noms expriment à la fois certaines qualités recherchées de ceux qui remplissent les rôles, et certains traits persistants, déterminés par les conditions d’âge et par les mœurs, qui, indépendamment du sujet de l’action, composent d’avance la physionomie des personnages. Quelle que soit l’apparente variété des formes individuelles, malgré la différence des temps et des sociétés, pour qui regarde d’un peu loin, seulement même à la perspective du théâtre, le nombre des moules où se façonne la matière humaine reste en somme assez limité.