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PINDARE

sur Pindare, depuis qu’elle a commencé à s’occuper de lui jusqu’à nos jours. Aussitôt après les ferveurs de Ronsard, qui, selon sa propre expression, se met à pindariser, Malherbe traite de galimatias une poésie qu’il ne peut comprendre. Elle est, au contraire, admirée et défendue par Boileau, qui, pour donner ses lois, puise plus largement aux sources antiques et les vénère religieusement. Mais, s’il n’a pas de peine à convaincre d’ignorance l’irrévérencieux Perrault, quand on le voit lui-même affirmer que « Pindare est un génie qui, pour mieux entrer dans la raison, sort de la raison même, » on se demande si son adversaire avait tout à fait tort de dire que personne n’entend le poète grec. En réalité, les partisans de Pindare sont très sensibles à une vague impression de noblesse et d’éclat qui se dégage pour eux de ses odes ; mais, Perrault a raison, ils ne saisissent pas la vraie nature d’une poésie trop contraire à l’esprit français.

Au XVIIIe siècle, il est vrai, le moins lyrique des siècles, il est remarquable que ce sont les poètes qui apprécient le moins le grand lyrique. Voltaire dit sans scrupule ce qu’a pensé avant lui Lamotte :

Sors du tombeau, divin Pindare,
Toi qui célébras autrefois
Les chevaux de quelques bourgeois
Et de Corinthe et de Mégare.

Voilà pour le fond. Quant à la forme, tout se résume