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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/90

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

cher ces souvenirs, au lieu de nous adresser directement aux œuvres du poète ? Serait-ce qu’elles nous sont parvenues trop incomplètes pour que nous puissions les apprécier ? Il est vrai que nous sommes privés de la plus grande partie des poèmes de Pindare. Toutes ces formes de chants religieux que l’on désignait par les noms d’hymnes, de péans, d’hyporchèmes, de dithyrambes, de prosodies (chants de procession), de parthénies (chants pour des chœurs de jeunes filles), étaient représentées dans l’ensemble de ses compositions ; il avait fait des éloges, des thrènes (chants funèbres), des scolies (chansons de table). Cette variété de production poétique ne nous est connue que par des fragments qui ne peuvent nous en donner qu’une idée très insuffisante. Mais il se trouve que le temps a précisément épargné les poèmes sur lesquels s’était particulièrement fondée sa gloire dans l’antiquité, ceux que se disputaient avec le plus d’ardeur les principales cités de la Grèce. Les pièces ne manquent donc point au procès, et si nous hésitons à juger par nous-mêmes, c’est sans doute que nous nous défions de notre sentiment ou de notre intelligence. Il semble que nous éprouvions le besoin, ou de nous prémunir contre une envie de critiquer, ou de nous confirmer dans nos dispositions admiratives.

Il est assez curieux de suivre ces tendances contraires et ces incertitudes de la critique française