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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/138

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— L’automobile, observa le père en passant sa serviette sur son crâne dénudé et ses favoris grisonnants.

— On finira par mourir de faim avec cette histoire d’automobile, répliqua Pancrace, de mauvaise humeur. On n’entend plus parler que d’auto dans la maison. Ça devient une obsession. Jusqu’à Marie qui nous casse les oreilles à ce sujet.

Mme Robichon l’interrompit :

— Mon cher Pancrace, Marie ne fera pas d’auto.

— Je vous crois, maman, si les domestiques se mettent à faire du 60, autant dire la fin des temps.

— Ton père l’a congédiée.

— Ah ! Elle a de nouveau désaltéré le policeman du coin avec le porter de M. Robichon.

— L’automobile, intervint le chef de la famille. Il faut épargner, et une servante c’est autant de pris sur l’auto.

La sonnette électrique se fit entendre.

C’était l’heure du courrier.

Prudence descendit l’escalier quatre à quatre.

C’était bien le facteur. Il remit une lettre à l’adresse de Mme Robichon.

Tous les yeux étaient rivés sur l’imposante moitié du parfumeur et perruquier tandis qu’elle déchirait l’enveloppe d’une main fébrile.

Les Lafleur invitaient les Robichon à une partie de campagne.