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Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’on avait fait l’acquisition d’un double-phaéton avec dais et glaces, ou d’une berline de voyage ou d’un landaulet de première marque. Qu’importe, c’était un cab quelconque, une automobile, enfin, une voiture qui marchait à l’aide de moteur à pétrole, empestant les passants, renversant les piétons et faisant jurer les cochers.

Qui possède une automobile doit faire honneur à sa position. Aussi Mme  et Mlle Robichon avaient-elles obtenu que la famille ferait une villégiature de deux à trois semaines à l’Assomption. Avec l’automobile le père pourrait se rendre à Montréal tous les matins et en revenir chaque soir. Somme toute, en calculant bien, les dépenses ne seraient pas ou presque pas augmentées. Bref, M. Robichon s’était laissé gagner.

Le chauffeur que l’agence d’automobiles avait prêté au perruquier avait déclaré à celui-ci qu’il n’avait plus rien à lui apprendre, et, le seizième jour du mois d’août de l’an du Seigneur mil neuf cent dix, M. Robichon avait pris la direction du volant.

***

Les Robichon n’avaient pas séjourné huit jours à l’Assomption qu’on les avait déjà pris en grippe. Le père s’était chargé, lui, d’écraser les volailles et les chiens qui commettaient l’imprudence de s’aventurer sur le chemin du roi. La fille faisait la nique aux