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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/141

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braves gens peu satisfaits des procédés de ces citadins sans vergogne.

Tant va la cruche à l’eau qu’elle s’y casse. L’heure des représailles allait bientôt sonner.

C’était un samedi. M. Robichon avait ramené, dans son automobile, le presque fiancé de Prudence. Le jeune homme devait passer la journée du dimanche avec la famille.

Naturellement, après souper, la récréation était tout indiquée : un tour d’automobile.

Le soleil se couchait beau. Étroite, sillonnée de billes qui descendaient le courant, la rivière de l’Assomption promenait en méandre ses eaux calmes.

De ce côté-ci, des kiosques tachaient de blanc la pente verte et abrupte. Des chaloupes étaient attachées à des piquets. D’un mouvement régulier et monotone, le passeur faisait avancer son bac dans lequel un cheval, la tête basse, las du labeur d’une longue journée, était attelé à une charretée de foin.

Sur le sable du rivage un chaton faisait, en gambadant, la chasse à une couple d’alouettes.

De l’autre côté, là-bas, dans un bouquet d’arbustes, l’œil découvrait une maisonnette au toit noir, presque enfouie sous l’envahissement de plantes grimpantes. Ça et là, les dernières charges allaient, cahin-caha, vers le fenil, à travers l’émeraude des prairies et l’or des foins coupés.

Plus près, quasi caché par une grange, un coin de