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C’est dans cet état pitoyable qu’on l’avait recueillie à l’entrée du village…

Le soir même le délire l’avait saisie pour ne plus la quitter…

Deux jours plus tard, elle était fauchée dans la triple auréole de sa beauté, de sa jouvence et de sa candeur…

 

Toinette s’était vengée. Mais, il lui restait le remords plus affreux que le tombeau.

Son jeu, bah ! il avait été bien simple. Elle avait aperçu Rosalyne à quelque distance. Aussitôt, elle avait feint une entorse.

Julien, qui revenait d’une de ses marches accoutumées, et qu’elle avait également vu, s’était porté à son secours.

Et, comme elle affirmait ne pouvoir marcher, il l’avait emportée jusqu’au chaudron pour lui frictionner le pied avec l’eau froide de la cascade.

— L’infortunée Rosalyne, elle, n’avait vu que son Julien enlevant dans ses bras la jeune fille flirt qui lui avait pris le cœur de son fiancé…

***

Il fait nuit.

Demain, Rosalyne sera conduite au champ de repos, qui borde la forêt, à droite de la voie ferrée.

Dans la chambre mortuaire, tendue de noir aux larmes d’argent, les cierges projettent lugubrement leur lumière blafarde et tremblante. Au chevet du cercueil,