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ché sur un coussinet de peluche pourpre et recouvert d’un globe, sur lequel l’œil ne surprenait pas un grain de poussière. On n’eût pas marqué plus de considération pour une couronne dans un musée national.

Après de longues hésitations, je voulus savoir à tout prix.

Au risque de m’attirer des réprimandes avec ma question indiscrète, je pris mon courage à deux mains et suppliai ma tante de me raconter l’histoire du fer à cheval.

Voici ce qu’elle me narra.

***

Ma tante Joséphine ne s’était jamais senti la vocation de nonne, moins encore de vieille fille. Oh ! cet aveu, elle le faisait en toute sincérité. Elle n’allait pas il est vrai, jusqu’à offrir sa main, mais la réserve et la pudeur sauvegardées, elle en parlait d’abondance à qui voulait l’entendre. Pècha-t-elle par excès, c’est possible.

La jeune fille, toutefois, comme dans le conte du bon Perrault, ne voyait rien venir, sinon le soleil qui poudroyait, l’herbe qui verdoyait et… en hiver, la neige qui tombait.

Et les années s’ajoutaient aux années. Chaque anniversaire lui faisait dire, avec dépit et mélancolie, que si beaucoup, à Trois-Rivières, sont appelées, peu sont élues.