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Le cocher (paraissant n’avoir rien entendu). — Quand on a pas d’argent on reste chez eux et on mouve pas.

Roland. — C’est bon ! c’est bon !…

Le cocher (en regagnant la porte). — Il faut ben qu’on vive à c’t’heure, et pis… j’ai une grosse famille…

Roland. — Ah ! va au diable avec ta famille !… (Il ferme la porte avec colère. Dans l’escalier on entend grogner le cocher).


SCÈNE II


Roland


Roland (les deux mains dans les poches). — Depuis huit jours, voilà la troisième fois que je déménage et chaque fois je monte d’un étage. Du train que j’y vais, dans une semaine je serai dans un grenier. Ah ! mon cher papa, si vous connaissiez l’étendue du mal que vous faites à votre héritier. À quoi bon d’avoir des papas dont les coffres-forts regorgent d’or s’il nous faut aller nous emprisonner dans des cambuses pareilles ? Mais s’il se figure, mon père, que je m’en vais baisser pavillon devant l’ouragan, oh ! il se trompe.

(Il ouvre sa malle et en sort un crâne.) Crâne lugubre, sujet de profondes méditations pour l’homme de