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trois tiers, entasse dettes sur dettes, fait endosser des billets, alors assailli par une nuée de créanciers, fuit devant la tempête, celui-là encore disparaît de la circulation pour quelques années ; un étudiant se vante dans tous les salons fashionables de la ville qu’il lui est impossible de rater un examen et, le lendemain, bloque avec très grande distinction, celui-là plus que tous les autres disparaît de la circulation. Mais toi, mon cher ami, toi qui as l’inappréciable bonheur de descendre d’un papa riche à gogo, toi qui vis au sein d’une famille charmante, toi qui possède un home délicieux, toi qui es joli garçon, intelligent, pourquoi disparaîtrais-tu de la circulation, voilà ce que je ne comprends pas ?

Roland. — C’est pourtant bien simple.

Paul. — Pas pour moi.

Roland. — Mon père… tu connais mon père ?

Paul. — Oui, un peu.

Roland. — C’est un excellent homme mon père, mais lorsqu’il a dit « Non » c’est non et lorsqu’il a dit « Oui » c’est oui. On ne badine pas avec sa volonté. Tu sais ?

Paul. — Je sais… je sais… c’est-à-dire que je n’en sais rien, moi. Mais quel rapport y a-t-il entre la volonté de ton père et ta présence ici ?

(Paul s’assoit.)