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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/225

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Écrire, je pourrais écrire peut-être. Mais je serais curieux de savoir ce que cela me rapporterait dans ce pays où l’argent fait loi, où les écrivains, et j’entends les meilleurs, ne sont appréciés qu’en autant qu’ils ont de la protection, ou de la fortune, ou un nom, qu’en autant qu’ils ont une bonne presse. Celui-ci est riche, il est lancé dans le monde, donc il est intelligent. Celui-là est pauvre, il écrit à ravir, mais il n’a pas de protecteurs, pas d’argent, pas de nom, c’est un imbécile. Il ne mérite pas qu’on s’en occupe. Et comme dans les circonstances je me trouve forcément classé dans cette dernière catégorie. (Il se fait une légère coupure).

Aïe ! maudit rasoir !

(On frappe à la porte).

J’ai entendu des pas de femme. Sans doute, ma maîtresse de pension qui vient me demander comment je trouve mon logement. Je l’attends de pied ferme…

(D’une voix forte.) Entrez !


SCÈNE VII


Roland, Renée, Lorette


Roland (avec un geste de terreur). — Oh ! (Il se cache derrière le couvercle ouvert de sa malle et s’essuie la figure en toute hâte avec sa serviette).