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Renée (en aparté). — Encore un pas.

Roland (suppliant). — Si vous vouliez bien m’aimer un tout petit peu…

Lorette. — Vous dites vous-même que vous me connaissez à peine. Comment pouvez-vous…

Roland. — Se demande-t-on pourquoi, lorsque sur un chemin désert et rocailleux on découvre une fleur aux pétales brillants, on l’aime tout de suite cette fleur et on l’épingle avec orgueil à la boutonnière ; se demande-t-on pourquoi lorsqu’un de ces petits chantres du bon Dieu vient le matin, sous notre fenêtre, nous réveiller de son délicieux gazouillis, on l’aime tout de suite cet oiseau. Et lorsque l’on rencontre une jeune fille belle, bonne, douce comme vous, Mademoiselle, car vous êtes bonne, je le devine, a-t-on le droit de se demander pourquoi on ne cueillerait pas avec dévotion et amour cette fleur rare entre toutes pour en faire la plus riche décoration du foyer, la joie de la vie et l’orgueil de l’existence ?

Lorette. — En amour, l’espérance est la reine des vertus théologales.

Renée. — Et quel est mon rôle, à moi, dans cette idylle ?

Roland (avec feu). — Tu es témoin de mon serment,