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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/44

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frères de cette tribu, souilleras-tu ta gloire en permettant que l’on torture cet oiselet sans nid ?

Délivre-le, et le grand Manitou te rendra le plus heureux et le plus grand des guerriers agniehronnons.

Et Nénuphar-du-Lac regarde l’Iroquois avec des yeux qui jettent le trouble dans son esprit.

La flamme enveloppe le martyr, qui se tord sur son bûcher.

Soudain, en trois sauts, Aontarisati se trouve près de l’arbre en feu.

Au sein de la stupeur générale, de son coutelas il tranche les liens de la victime, qui tombe sans vie dans ses bras.

Des huées et des cris de rage fendent les airs. Les jeunes squaws, serrant leurs enfants contre leurs poitrines font entendre des exclamations de joie contenues.

Aontarisati tient toujours l’enfant dans ses bras. Il monte sur une bûche à demi-consumée, qui avait déjà servi, peut-être, au supplice de quelque prisonnier.

Il relève fièrement la tête, et, promenant sur la bourgade un regard plein d’assurance, il étend, pour imposer silence, son bras chargé d’anneaux de cuivre :

— Tout-puissant sagamo des Agniehronnons, dit-il, et vous, mes frères, je réclame pour mon esclave cet enfant, que j’ai moi-même enlevé.

Alors, Kiotsaeton, faisant taire d’un geste impératif Gonaterezon qui proteste avec véhémence :

— Mon frère est dans son droit, dit-il, puisqu’il veut