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laissaient voir deux rangs de perles d’une blancheur éclatante. C’était pour cette raison, peut-être qu’on l’avait surnommée la Biche-Blanche. Comme ceux des femmes de sa race, ses yeux d’un noir chatoyant étaient ombragés de cils riches.

Mais ce qui la différenciait des autres était l’expression indéfinissable de ces yeux, expression simultanée de candeur et de passion, de jeunesse et de fermeté.

Elle n’avait pas quinze ans, et, toutefois, pas une jeune fille de la tribu n’était plus grande.

Sa robe en peau de cerf, toute couverte de matachias et de colliers de porcelaine, aux couleurs les plus variées, laissait apercevoir, quand elle marchait, la grâce de ses mouvements et l’admirable proportion de ses membres.

Ouvrait-elle la bouche pour parler, c’était une musique qui modulait l’idiome pourtant si peu harmonieux des Agniehronnons.

Telle est la créature qu’Andioura contemplait avec tant d’émotion, quand il s’était levé sur son coude, après avoir entendu les branches craquer sous les pas de Biche-Blanche.

Et cette dernière, qui ne se croyait pas observée, était toujours accoudée au tronc du bouleau à la robe immaculée.

Ses yeux semblaient rivés à la chute écumante et chantante des eaux de la cascade. Mais un observateur rapproché eut surpris dans ses prunelles ardentes une autre vision.