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FLORENCE

que jamais, il marche de l’allure d’un voyageur qui aurait peur de manquer son train.

Un bruit sec vient de se faire entendre, et une fenêtre de s’ouvrir.

— Est-ce toi, Baptiste ? demande une voix fraîche.

— Ben sûr, que c’est moé, mam’zelle Florence. Tout d’même, cré nom d’un nom, y en fait un temps d’chien !

— Eh bien ! alors, presto, Baptiste ! Enjambe-moi cette fenêtre afin que nous causions tranquillement dans ma chambre.

— Mais, mam’zelle, vous savez ben que vot’ père n’veut pas m’voir dans c’t’e maison icitte. Qu’est-ce qu’y dirait s’y m’prenait avec vous ?

— Je m’en charge, mais entre au plus vite.

— Mais vous y pensez pas, mam’zelle Florence ! Mes grosses bottes sauvages vont tout salir vot’ beau tapis.

— Entre, je te dis.

— Mais…

— Entre donc, têtu !

Et Florence, voulant faire usage d’un argument sans réplique, plongea sa petite main blanche dans la barbe touffue et mouillée de Baptiste, et la tira brusquement vers elle.

— Aïe ! Aïe ! vous m’faites mal. An ! j’sais ben à c’t’heure pourquoi M’sieu Rolette y en porte pas de barbe ni d’moustache, dit Baptiste en escaladant l’obstacle, opération assez facile, vu le peu d’élévation de la croisée et la longueur démesurée des jambes du bedeau de Bonsecours.

— En attendant que je fasse de la lumière, assieds-