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FLORENCE

sortit son brûle-gueule et son énorme blague en peau de loup marin.

Comme la jeune fille s’aperçut que Baptiste ne savait où cracher, elle prit le bol qui se trouvait sur son lavabo et le déposa près de lui en disant :

— À la guerre comme à la guerre.

Depuis le départ précipité d’Hubert, Florence avait senti son âme envahie par une angoisse mortelle. Elle ne prenait plus intérêt à rien. Tout avait été abandonné aux soins de sa bonne.

Ses colombes ne venaient plus becqueter dans le creux de sa main. Ses chants avaient cessé, et la joie semblait avoir quitté pour toujours ce foyer auparavant si gai. Elle passait ses journées assise près de la croisée ou de la cheminée.

Et là, elle pensait à celui qu’elle aimait, qu’elle adorait de plus en plus.

Tout ce qui lui rappelait le souvenir d’Hubert devenait pour elle chose sacrée. Aussi, ses moments de prédilection était ceux où Baptiste, chaque soir, accoudé à sa fenêtre située au rez-de-chaussée, sur le côté de la maison, l’entretenait du cher absent.


Et là elle pensait à celui qu’elle aimait


Le fidèle ami d’Hubert se rendait en cet endroit, à la prière de la jeune fille. Ces rendez-vous étaient tenus dans le plus grand secret, vu que le haineux notaire avait Baptiste en horreur, lui ayant même interdit l’entrée de sa maison.

Le sonneur savait ce que Florence allait lui demander. C’était toujours la même question, après qu’elle lui avait souhaité le bonsoir.

— As-tu des nouvelles d’Hubert ? Parle-moi donc d’Hubert.