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FLORENCE

— Ben non, mam’zelle Florence, répondit-il ce soir-là à la jeune fille qui s’était assise devant lui, sur un pouf, mais on dit qu’c’est à la veille d’chauffer dur dans ces parages.

— Mon Dieu ! protégez-le, murmura Florence, en baissant la tête et en joignant les mains.

Baptiste s’efforça de remonter la confiance de la jeune fille avec des consolations qui ne sont pas étudiées, mais qui, partant du cœur, vont droit au cœur.

— Allons ! allons ! mam’zelle Florence, faut s’faire une raison. Parce que m’sieu Hubert est parti, c’pas à dire qu’y r’viendra pas. S… ah ! faites excuse, parce qu’on va à la guerre, c’pas à dire qu’y faut pour çà qu’on y casse sa pipe. Ainsi, moé qui vous parle, si j’ai pas avalé ma gaffe en 1812, c’est pas d’ma faute. M’sieu Hubert, voyez-vous, c’est une fine mouche, et après qu’y aura donné une bonne tripotée à ces chenapans d’Anglais, y r’viendra pour vous marier dans la p’tite église de Bonsecours. Car c’est là, j’espère, que vous vous marierez. C’t’e jour là sera celui où j’aurai le plus d’plaisir à sonner mes cloches. Oh ! que j’vas en sonner un endiablé carillon, et longtemps donc ! Et puis, lorsque vous ferez baptiser votre premier mioche, et puis le deuxième, et puis…

— Voyons, Baptiste, de ce pas, tu seras bientôt rendu à mes funérailles. Mais dis-moi, est-ce que M. Rolette m’aime sincèrement ?

— S’y vous aime, mamzelle !… Trounne de l’air ! depuis qu’y vous a rencontrée y ne faisait que m’parler d’vous. Tout d’même, y faut que vous soyez ben belle et ben bonne, car les d’moiselles, voyez-vous, y s’en fichait comme dans quarante. Après queq’s paroles