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FLORENCE

s’il voulait les broyer. Cependant, il ne dit mot et respecte la douleur de l’infortunée.

Au milieu de ce silence, une porte s’est ouverte sous la poussée d’un esprit des ténèbres. D’un mouvement instinctif, Baptiste s’est dissimulé derrière un écran.

Surprise, affolée, Florence ouvre la bouche pour crier, mais sa langue, paralysée par la terreur, se refuse à articuler aucun son.

Devant elle se tient Gustave Turcobal avec une lueur de crapuleuse convoitise dans les yeux.

Il a porté la lâcheté jusqu’à forcer la porte de la chambre virginale d’une jeune fille.

Un moment, tous deux se sont regardés. Puis, tout à coup, le vaurien se jette sur Florence et l’étreint dans ses bras comme la vipère dans ses anneaux visqueux.

— Je vous veux, dit-il, oui je vous veux !… Et je vous aurai, advienne que pourra… Ah ! la belle ! vous m’avez préféré un gueux qui n’a pas un seul sou dans sa poche… Vous avez refusé l’or et les diamants que je vous offrais… Vous m’appartiendrez quand même… Maintenant, vous êtes à moi, corps et âme, Satan dût-il se mettre de la partie…

Florence, cette fois, laisse échapper un cri étouffé et tombe évanouie.

Ce cri, Baptiste l’a entendu. Il fait entendre un rugissement de bête fauve, bondit sur le misérable et lui administre un coup de poing en pleine poitrine. Le gommeux roule au pied du lit. Le bedeau le ramasse comme il l’eût fait d’un chien galeux, ouvre la croisée et l’envoie pirouetter dans la bourbe en disant :