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FLORENCE

Tout retombe dans le silence.

Florence prend une résolution subite.

— Attends-moi ici, dit-elle à Baptiste.

Et elle sort de la chambre, sans bruit. Elle glisse comme une ombre. Retenant son souffle et son cœur battant avec force, elle appuie son oreille près de la porte du cabinet de travail de Mtre Jean Drusac.

— Mon Dieu ! dit-elle, c’est mal, bien mal ce que je fais là, mais vous connaissez les sentiments qui m’animent et me poussent à agir de la sorte.

Elle entendit, là, de ces paroles de haine, de persécution, d’infamie, qui survivent à la mort. Son sang se glaça dans ses veines.

— Pitié ! Seigneur, pitié ! s’écrie-t-elle.

Puis elle éclate en sanglots et cache son front dans ses mains.

Ployant sous le poids de sa douleur, elle tombe à genoux, élève les yeux au ciel et implore la clémence du Christ.

— Dieu miséricordieux, acceptez le sacrifice de ma vie. Je vous abandonne tout : ma jeunesse, ma santé, ma beauté, mon bonheur. Prenez tout. Seigneur, tout, mais pardonnez à mon père, sauvez Hubert des dangers suspendus sur sa tête.

Moralement réconfortée par cet abandon d’elle-même pour le salut de ceux qu’elle aime, Florence retourne dans sa chambre. Mais l’esprit est prompt et la chair est faible. Ses forces l’abandonnent. Elle s’affaisse sur le lit.

Baptiste, bouillonnant de colère, fait craquer ses énormes jointures et serre les bras de sa chaise comme