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FLORENCE

en bois, le jeune patriote prend avec lui une trentaine d’hommes, traverse un champ de peu d’étendue et va se loger dans ce fortin improvisé. Il y arbore un drapeau tricolore.

— Comme cela, dit-il, le colonel pourra passer au milieu d’une garde d’honneur.

À ce moment, on vit un homme de haute taille fuir en toute hâte sur la route de Saint-Denis.

C’était Papineau !

Papineau, le lâche, qui, par son manque de bravoure ou par une ambition démesurée, abandonnait les malheureux Canadiens au moment le plus critique, après les avoir poussés à la révolte !

Tache ineffaçable sur le front de cet homme qui, pendant quelque temps, fut plus qu’un homme pour notre peuple, presque un demi-dieu.

Cependant, Gore ne venait pas.

Le vieux décoré de Waterloo était arrivé près du pont du ruisseau de la Plante.

Goddam ! fit-il entre ses dents.

Le colonel, jouant de malheur, ne voyait plus que quelques planches arrêtées par les algues et les goémons. Le reste du pont avait été brisé puis emporté par le courant. Ce qui l’embêtait le plus, lui et ses soldats, c’était ces maudits cinq milles qu’il lui fallait faire par la concession Sorrestout pour pouvoir atteindre le village des rebelles. Et lui qui y touchait presque !

Un tout petit truc des patriotes !…

Pif, paf, pif, paf… Deux Anglais tombent en faisant des contorsions de macaques.

La bataille est engagée. Il est dix heures.