Page:Girard - Florence, 1900.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
FLORENCE

dans ses bras et dépose sur ses lèvres un baiser brûlant.

— Adieu, M. Hubert, que le baiser d’une jeune Canadienne, qui aime bien son pays, vous accompagne !

C’en est trop pour Hubert. Il dérobe un pleur qui vient de mouiller sa paupière et se sauve suivi du vieillard et de son fils.

Devant l’église, tous étaient rassemblés. On eût dit une troupe de chouans sortis de leurs tombeaux.

Des étendards grossièrement fabriqués et attachés à de longues perches par les femmes et les filles des patriotes flottent au vent. Il y a parmi ces drapeaux des guenilles, mais de glorieuses guenilles que l’on ne devrait baiser qu’avec le plus religieux respect. Ici un campagnard à l’aspect juvénile montre un morceau de drap fixé à un barreau de chaise et sur lequel est écrit en grosses lettres inhabiles : « Les 92 résolutions » ; « À bas lord Gosford » ; là, un forgeron au visage noir encore de fumée et aux bras noueux et poilus comme le ventre d’une chèvre, déroule au-dessus des têtes un immense drapeau vert, blanc et rouge, sur lequel on a tracé à grands coups de pinceau : « La liberté ou la mort, » “Liberty or death.”

Gore venait arrêter Nelson, Papineau, Cartier, Rolette et autres. Voilà ce que l’on avait appris.

— Qu’il vienne ! dit simplement Nelson.

Il y avait à Saint-Denis une maison à trois étages, située près d’une distillerie. Ce fut au nord de la distillerie, dans cette maison appartenant à Mme Germain, qu’il se transporta avec ses hommes.

Apercevant sur les bords du Richelieu un magasin