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FLORENCE

— J’peux t’y vous voir, m’sieur le curé ?

— Pourquoi pas ?

En entrant, il aperçoit le curé de Bonsecours retranché derrière une pile de livres et de papiers, et absorbé dans la lecture de son bréviaire.

— Vous savez, m’sieu le curé ?

— Comment veux-tu que je sache, puisque tu ne m’as rien dit ?

— Eh ben, çà y est ! Y ont cassé leurs pipes. Et tous les deuss encore.

— Qui ?

— Mais m’sieu Rolette et mam’zelle Drusac.

— Qu’est ce que tu me chantes-là ? Que veut dire cet air égaré ? Mon pauvre Baptiste, tu perds la boule !

— Non, m’sieu le curé, j’perds pas la boule, sans vous contredire. Mais j’perds deux bons amis, deux crêmes de créquiens. Ah ! quand j’y pense, quand j’y pense !…

Le vénérable abbé planta ses lunettes d’or sur son front bombé, ferma son bréviaire, soulagea sa tabatière d’argent d’une bonne prise de tabac râpé et croisant ses mains sur son ventre, les pouces en dehors, il dit :

— Allons, conte-moi ça.

Baptiste raconta tout. Il termina en déclarant qu’il tenait tous ces détails d’un patriote de Saint-Denis qu’il avait rencontré en sortant de chez lui le matin.

— Mais faut sonner les glas, m’sieu le curé ?

— Oh ! oh ! mon pauvre enfant, c’est assez embarrassant. Car tu n’ignores pas que monseigneur Lartigues a frappé tous les patriotes.