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FLORENCE


lui offre et lui dit avec un timbre dans la voix et un regard dans les yeux que seuls connaissent les femmes :

— Merci, monsieur.

Hubert est tout bouleversé.

Fier de cette jeune vierge qui s’abandonne à lui avec tant de sécurité, qu’il sent toute palpitante appuyée sur son bras, il eût, pour la défendre, défié un mortier maudit braqué sur sa poitrine.

Pendant quelques instants, tous deux, agités de sentiments divers, marchent en silence. Hubert songe aux bizarreries du sort qui rapproche ainsi d’un seul coup deux êtres qui, auparavant, ne se connaissaient pas. Bizarreries qui donnent à l’un d’eux un droit de protection sur l’autre, droit qui eût été criminel en tout autre circonstance, mais qui, maintenant, devenait un devoir sacré.

Œuvre sublime du Christ qui, en venant sur la terre, a brisé les liens qui retenaient la femme captive dans un honteux esclavage et en a fait d’une chose que l’on possède, un être que l’on doit vénérer à l’égal d’une chose sainte. Ne fût ce que pour le martyre que lui coûte la naissance de l’enfant qu’elle donne à son pays ou qu’elle rend à son Dieu !

Hubert contemple à la lueur d’un reverbère cette figure si douce, si belle, avec ses grands yeux qui passent du gris au violet et du violet au gris. Sur son front pur et poli comme un marbre de Carare, se jouent les mèches folles d’un blond fauve qui ressortent rebelles de sa coiffe. La bouche voluptueuse, rouge comme les merises de nos bois, et un peu relevée au coin des lèvres, lui donne un air mutin et moqueur. Un peu fort, mais bien dessiné, le nez indique de la