Page:Girard - Florence, 1900.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

III

DOUBLE RECONNAISSANCE


Deux mois plus tard.

Aujourd’hui, on lancera Florence dans le monde. C’est comme le vaisseau que l’on pousse, tout pavoisé, sur un fleuve calme, et qui, tout démâté, va se briser sur un récif en pleine mer ! La comparaison est baroque, l’expression est juste.

Le soir, il y aurait bal.

En se réveillant le matin, Florence écarte les sombres draperies de sa croisée encadrée de chèvrefeuille. Le soleil fait irruption dans sa chambre. Ses rayons vivifiants donnent un germe de vie à tous les objets qu’il dore dans une auréole.

Florence est heureuse, très heureuse.

Sans pouvoir s’en rendre compte, elle sent le bonheur remplir son âme.

Elle accompagne, dans un mélodieux duo, un chantre du bon Dieu qui, à travers les branches au feuillage déjà pourpre d’un érable, vient lui souhaiter le bonjour.

Jetant les yeux sur une petite pendule Louis XV, elle s’écrie avec effroi :

— Dix heures ! mon Dieu, qu’il est tard.

Elle passe un peignoir de soie outremer, qui fait ressortir à merveille la neige de son teint et la richesse de sa gorge. Elle chausse des pieds de Trilby dans des souliers de satin rose. Puis, traversant les somptueux appartements comme une sylphe, elle arrive jusqu’au