Page:Girard - Florence, 1900.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
FLORENCE

cabinet de travail de son père. Là, elle tend l’oreille, retient son souffle et frappe deux légers coups.

— Puis-je entrer ?

— Entre, entre, ma chère Florence.

— Bonjour ! père.

Elle s’agenouille près de lui et effleure son front ridé d’un chaud baiser.

— As-tu bien dormi ? Tu travailles trop, tu te fais mourir. Laisse donc là toutes ces paperasses, ne sommes-nous pas assez riches ?

— Non, ma fille. La dot d’une héritière royale ne serait pas trop pour toi. Puisque tu es la plus belle et la meilleure des filles, je te veux la plus riche. Mais qu’as-tu, mon enfant, tu me sembles préoccupée ? As-tu quelque chose à me demander ? Ne crains rien, tout ce que j’ai t’appartient. Disposes-en à ton gré.

— Il y a, mon père, qu’hier soir… Mais non, je vais vous faire de la peine.

Et elle lève vers lui ses grands yeux ombragés de longs cils.

— Dis, dis, ma fille, fait le notaire en lui posant sur la tête sa main osseuse.

— Eh bien, père, hier soir je revenais de chez Mlle  Brunel, où j’étais allée essayer ma robe de bal. On m’a attaquée. C’est ce qui explique la présence du jeune homme que vous avez vu à votre porte.

— Comment ! s’écrie Me  Drusac en se levant d’un bond, les poings fermés et blême de colère. Ce jeune homme aurait il osé…

— Non, père ; sans son héroïsme, vous auriez aujourd’hui un irréparable malheur à pleurer le reste de vos jours. Ce noble inconnu m’a sauvée. Il m’a arrachée