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FLORENCE

va ! tu ne nous laisseras seulement pas la gloire de la lutte !

— Prends garde ! Dorilla ! Te rappelles-tu cette bonne mère, sœur Jésus-Marie, qui avait coutume de nous dire que les amis qui nous flattent ne sont pas nos amis ?

— Mais je ne te flatte point, puisque je te dis la vérité. Cruelle, tu ne crois pas en mon amitié. Moi, j’ai foi en la tienne.

— Allons, allons ! ce n’est pas le temps de nous quereller, bien que les petites querelles entretiennent l’amitié. Que tu as une belle robe ! Ce blanc, ma chère te sied à merveille, et je n’ai qu’à bien me tenir sur mes gardes. Où as-tu acheté tes…

Soudain une clameur terrible s’élève de la rue. On entend des cris d’effroi, des appels au secours :

— Sauvez-le, sauvez-le, il est mort !…

Les deux jeunes filles accourent à la fenêtre. Elles voient un cheval emporté. Il n’y a qu’un homme dans la voiture. Il ne peut plus maîtriser la bête effrénée. Quelques secondes de plus, et ce sera un désastre. Le fougueux coursier va s’abattre sur un bâtiment en pierre. Le malheureux va être projeté sur le sol.

Mais, rapide comme l’éclair, un jeune homme s’est élancé et s’est posté au milieu de la rue. La foule est muette et pétrifiée.

D’une main, le jeune audacieux saisit le coursier par la bride, de l’autre, il lui comprime les naseaux fumants.

Le cheval s’arrête.

Le brave jeune homme a été traîné l’espace d’une couple de verges. Voulant échapper à l’ovation et