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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/39

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IV

JE T’AIME !


Le grand salon de Me Jean Drusac.

Des centaines de bougies posées comme des sentinelles. Dans un coin, un piano. Ici des statuettes, là des tableaux. Une cheminée monumentale, gigantesque, dans laquelle trois grosses bûches de hêtre à demi consumées. Et les fleurs, donc ? Que de fleurs ! que de fleurs ! Ici, là, partout : on dirait un parterre ! Un arôme suave s’en exhale, une atmosphère embaumée, des lumières éblouissantes à force d’être nombreuses.

Les couleurs riches et brillantes des robes de bal se mêlent dans une douce harmonie. Les pierreries lancent leurs feux de toutes parts.

Un délicieux frou-frou de jupes de satin et de soie. Quelques élégantes, dont les corsages sont généreusement décolletés, exhibent avec complaisance et avec une pudeur qui fait rire, des épaules blanches aux contours rebondis ; quelques maigrelettes donnent à l’humanité l’exemple d’une résignation admirable, en laissant apercevoir à l’œil… déçu, des épaules menaçantes qui ressemblent aux cônes tronqués d’un professeur de géométrie.

Les invités sont très dignes et un peu froids dans leurs habits de bal. La conversation, d’abord contrainte et timide, s’anime et se généralise.

Florence Drusac serait, sans contredit, la reine et l’héroïne de la fête. Cela se voyait ; elle était ravis-