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FLORENCE

sante. Sans autres ornements que les fleurs qu’elle portait dans ses cheveux et à son corsage, elle n’en paraissait que plus belle. Ses joues, d’ordinaire un peu pâles, s’étaient recouvertes d’une teinte rose. On ne fait pas ses débuts tous les jours, il est bien permis de rougir un peu. Sous le jeu des lumières, ses yeux avaient la transparence des ondes cristallines du ruisseau reflétant le sombre feuillage de la rive.

La jeune fille est assise sur une causeuse. Un peu étonnée de ce spectacle, elle ne voit pas tous les regards fixés sur elle.

Tout près est un jeune beau, un frais. Frisé, pommadé, huilé, graissé, la moustache tortillée comme la queue d’un pug, le monocle à l’œil et les mains chargées de diamants comme une femme, il minaude.

Florence sourit par obligeance.

Quelques malheureux que le sort néfaste a placés près de beautés glaciales, ou de laiderons sur le point de doubler le cap de la trentaine, paraissent se complaire dans leur compagnie. De fait, ils se tourmentent sur leurs sièges. Ils lancent à ce mannequin fanfreluché des regards désespérés.

Veinard, va ! pensent-ils.

— Mademoiselle, disait Gustave Turcobal d’une voix qu’il voulait rendre sympathique, à quelle déesse vous comparerai-je ? À Vénus, à Minerve, à…

— Assez, assez, monsieur, répondit Florence avec un geste d’effroi. Je ne suis pas très avancée en mythologie, et je n’ai pas fait ample connaissance avec les fameux et vertueux personnages auxquels votre indulgence veut bien me comparer. Du reste, monsieur,