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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/54

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FLORENCE

contre de la douce image qui ne le quittait plus un seul instant ?

Il s’approche de sa table de travail qui remplit la double fonction de secrétaire et de bibliothèque.

Puis, il prend une feuille de papier et commence ainsi : « Mademoiselle… » mais il rature aussitôt cette expression.

— Est-ce bête ? Ne dirait-on pas que je commence une demande en mariage ! Ce terme est trop glacial. « Chère amie »… Non, pour un adieu, cette expression est trop peu affectueuse « Ma chère Florence, » voilà qui est bien. Si je suis en dehors des convenances, tant pis. Mais l’heure et la solennité des circonstances excusent bien des choses en ce monde.


Ma chère Florence,

Quand tu ouvriras ce poulet, ce sera à toi de venir me rendre visite. Pas à moi. C’est baroque, je l’avoue, mais c’est nécessaire. Adieu, ma chère Florence, je meurs en unissant dans une même pensée et un même amour, les deux objets chéris qui se partagent mon âme : ma patrie et ma Florence.

Ton ami pour jamais
Hubert Rolette.

le 16 novembre 1837.


Il cachette le billet et le met en évidence sur la table.

— Quoique je sois certain d’avoir la satisfaction d’allumer ma pipe avec cette macabre et laconique missive, je serai plus tranquille ainsi. Car les destins sont si bizarres. Qui sait s’ils n’ont pas déjà tiré mon illustre nom de l’urne exécrée des humains ? Maintenant, hâtons-nous, car je n’ai plus que trente minutes.