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FLORENCE

déchaînera à nos trousses tous les lionceaux barbouillés de rouge, de blanc et de bleu. Mais un homme averti est un homme à moitié armé. Que ceux qui ont peur et refusent de venir lèvent la main. Vous êtes libres, messieurs.

Au lieu de lever la main, tous crient comme un seul homme :

— À bas les tyrans ! vive Hubert ! vive M. Brown !

— Armez-vous le mieux que vous pourrez. Si l’on nous attaque, nous combattrons à armes égales. Mais ne tirez pas les premiers. Un Canadien ne tire jamais le premier. Bien que j’en connaisse plusieurs, ici, dont les poings valent mieux que tous les pistolets des Anglais. N’est-ce pas, Baptiste ?

Pour toute réponse, Baptiste esquissa dans le vide un dangereux moulinet, qui enfonça jusqu’au cou le haut de forme d’un avoué, pas plus haut que çà. Revenu à la raison, Baptiste sortait déjà, au milieu du fou rire de l’assemblée, sa bourse grande comme une poche de religieuse, pour payer le désastre dont il venait d’être la cause involontaire, lorsque l’avoué, qui était un bon zigue, lui dit en l’arrêtant du geste :

— Remets ton argent dans ton gousset, à condition qu’au lieu d’enfoncer des couvre-chefs, tu enfonces les têtes des Anglais jusqu’aux épaules.

— Eh ben ! ça y est, tope-la !

— Maintenant, dit Hubert, que l’on sorte en silence. Il ne faut pas éveiller les soupçons avant le temps. Qu’une partie sorte par ici et l’autre par la rue Craig. À demain !