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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/72

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VII

SUS À L’ANGLAIS !


C’est le 5 novembre. Les premières lueurs de l’aurore ont commencé à expulser les ténèbres de la nuit. Les flambeaux célestes et dentelés se sont éteints un à un. Peu après, quelques nuages gris et blancs courent çà et là dans la nappe encore terne des cieux.

Soudain, l’astre du jour, émergeant du Saint-Laurent comme s’il venait de prendre son bain, projette avec profusion ses rayons à travers les branches sèches et sur les toits qui semblent s’embraser. Une journée splendide. Mais si le ciel est serein, si le soleil est gai, la discorde cependant parcourt les airs. Elle recèle dans ses noires ailes l’orage qui ne doit pas tarder à se déchaîner.

Des soldats, par peletons, se sont répandus par toute la ville. Des groupes mystérieux, rassemblés sur la rue et au Champ de Mars sous les peupliers Titans aux longs bras noueux, discutent à voix basse, le front soucieux. Quelques bribes de conversations entendues par-ci par-là, montrent clairement ce qui en fait le sujet.

— As-tu lu la proclamation ?

— Mais non ; et pourquoi donc !

— Eh bien, moi, je l’ai lue, et je te dis que la journée ne se terminera pas sans que… du reste, pas de fumée sans feu.

— Tu as raison, mon vieux, quant à moi, je suis