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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/75

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FLORENCE

Hubert, les bras croisés, promène ses regards sur la foule groupée autour de lui.

— Hourrah ! hourrah ! s’écrie tout à coup Baptiste, en se livrant à des gambades drôlatiques. V’là ce qui s’appelle parler en canayen.

Cette scène ne pouvait durer longtemps. Deux anglais, longs, blonds, aux dents monumentales s’élancent l’épée à la main, pour se saisir d’Hubert. Mais en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, celui-ci lance un coup de poing à l’un, donne un croc-en-jambe à l’autre, et file aussi vite qu’un habitant de nos campagnes se croyant poursuivi par quelque loup-garou.

Le bruit se répand comme la poudre : Hubert Rolette a déchiré la proclamation des autorités. La plus grande agitation règne de toutes parts. On ferme les boutiques, on court de tous côtés ; les tambours battent la générale. On parle de sédition.

Cependant, qu’avait fait Hubert ? Était-il allé se cacher ?

Non pas. Mais comme l’Horace de Rome, s’il a fui, c’est pour mieux vaincre. C’est qu’il savait que fuir à propos, n’est pas une lâcheté pourvu que l’on prenne sa revanche.

On devait bientôt avoir de ses nouvelles.

Pénétrons un instant dans la cour de Bonacina. Une foule de jeunes gens y sont rassemblés, dont quelques-uns armés de massifs gourdins durcis au feu.

Hubert juché sur un husting improvisé, un immense tonneau aux flancs gonflés, est acclamé par la bande. Les cheveux au vent, l’œil en feu, les narines frémissantes, il adresse à la foule enthousiasmée quelques