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FLORENCE

Florence lui mit gentiment une main sur la bouche en disant :

— Sois tranquille, nous règlerons cela plus tard.

La jeune fille était debout devant Hubert, les yeux baissés sous le regard du jeune homme. Elle lui semblait encore plus belle. Comme les astres de la nuit embellissent le dôme indigo, ainsi la charité ajoutait un nouveau charme à la jeune Canadienne. En voyant ce rayonnement de beauté, de candeur, de bonté, Hubert sent sa poitrine près de se rompre, tant son cœur bat avec force. Il se lève, s’élance vers la jeune fille, ceinture sa taille de ses bras, et, approchant ses lèvres de celles de Florence, il y dépose le premier et le dernier baiser qu’il devait jamais lui donner.

Baiser prolongé, sauvage, inénarrable, où il y mit toute sa passion et tout son cœur.

Ah ! pourquoi faut-il que ce jeu innocent des petits chérubins aux yeux humides et aux ailes d’or, qui folâtrent dans l’éternel infini, soit profané, foulé aux pieds par de morbides insensés qui se flattent de trouver de la délectation dans le rapt de ce trésor, une des plus précieuses faveurs que l’homme puisse espérer de la femme, lorsqu’elle fait passer sa vie dans ce baiser et que, sans parler, elle s’écrie d’une façon plus éloquente que les paroles : « Je t’aime, et ce baiser est le serment inviolable de mon amour ! »

Le baiser, comme l’amour dont il est l’indice palpable, ne se vole pas, il se gagne, et maudite soit cette ridicule et insipide application de la bouche sur la peau, quand c’est l’indifférence, la haine, le mépris que l’on embrasse. Le baiser n’est-il pas l’échange momentané de deux âmes, moment sacré et toujours