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LE SPHINX

— Oh ! l’entendez-vous ? c’est la première faveur que je lui demande et il me la refuse, que sera-ce donc plus tard ?

— Allons ! allons ! répliqua Horace, est-ce que par hasard… mais non, cela est incroyable, une femme a beau dresser des plans machiavéliques, elle ne va pas jusqu’à…

Mais toi, tu es trop gentille pour vouloir m’imposer des choses irréalisables. Car enfin, depuis quand met-on le gouvernail à la proue du vaisseau ?

Rosalba trop bornée pour discuter avec intelligence, prit un air renfrogné, se contentant de répondre :

— Fort bien, monsieur, vous vivrez de votre côté, et moi… du mien, voilà tout.

— Voilà tout !… voilà tout ! ah ! misérable, je vais te…

Cette fois, Horace avait perdu patience, tout à fait. Il était furieux. Mais craignant de trop dire, il préféra ne rien dire, et faisant claquer la porte de la cabine, il monta sur le pont, en mordillant le bout de son cigare, qu’il venait d’allumer.

Accoudé sur le bord du bastingage, il plongeait les yeux dans l’eau noire. Ses pensées clapotaient dans sa tête, qui semblait faire eau de tous côtés.

Il eût voulu, sur-le-champ, rebrousser chemin et aller délicatement déposer la fille entre les bras de la mère. Mais un vaisseau n’arrête pas sa course pour ce motif, quelque noble qu’il puisse être.