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Page:Girard - Mosaïque, 1902.djvu/213

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LE SPHINX

Madame Legris était mortellement atteinte d’une maladie qui la traînait à grands pas vers le tombeau.

Dans la sombre chambre, dont les exhalaisons fétides de drogues rappellent un coin de pharmacie, une femme est couchée. Assis, près du lit, deux médecins ; dans un coin, un homme, les yeux rougis, se tient la tête dans les mains. À quelques pas plus loin, une jeune femme, la fille sans doute, pleure en tenant un mouchoir sur ses yeux. Un jeune homme, à l’écart, regarde cette scène, d’un œil sec.

On n’entend que le tic tac régulier et monotone d’une pendule, sur la corniche de la cheminée de marbre, et les râles de la moribonde.

C’est l’agonie.

Sur le visage émacié de madame Legris, sont déjà peintes les couleurs cadavériques de la mort. La sueur perle à son front, glacée et abondante. La torsade de cheveux, qui se relevait maigrichonnement sur le sommet de la tête, pend maintenant le long du cou décharné, comme un bout de corde de pendu oubliée sur la poutre transversale du gibet.

La mourante, qui n’a pas prononcé une parole depuis quelques heures, fait signe, de sa main déridée, à sa fille d’approcher. Elle va, sans doute, lui laisser un gage éternel de sa tendresse. Éclatant en sanglots, la jeune femme se laisse tomber à genoux, aux côtés de sa mère, qui fait plusieurs efforts pour parler