Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/10

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Il peut être enfin heureux — comme modèle dans les ateliers les plus célèbres, prendre sa part des succès que nos grands maîtres lui doivent, et légitimer, pour ainsi dire, les dons qu’il a reçus de la nature en les consacrant aux beaux-arts.

Le bel homme peut supporter la vie, le bel homme peut rêver le bonheur.

Mais l’homme beau, l’homme Antinoüs, l’Amour grec, l’homme idéal, l’homme au front pur, aux lignes correctes, au profil antique, l’homme jeune et parfaitement beau, angéliquement beau, fatalement beau, doit traîner sur la terre une existence misérable, entre les pères prudents, les maris épouvantés qui le proscrivent, et, ce qui est bien plus terrible encore, les nobles et vieilles Anglaises qui courent après lui.

Car, c’est une vérité incontestable et malheureuse — un jeune homme très-beau n’est pas toujours séduisant, et il est toujours compromettant.

Peut-être, dans un pays moins civilisé que le nôtre, la beauté est-elle une puissance ;