Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/9

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la vieillesse. » Nous disons, nous : Quel est le fléau que chacun envie ? — et nous nous répondons à nous-mêmes : C’est la beauté. Mais par la beauté nous entendons la véritable beauté, la beauté parfaite, la beauté antique, la beauté funeste. Ce qu’on appelle un bel homme n’est pas un homme beau. Le premier échappe à la fatalité ; il a mille conditions de bonheur. D’abord, il est presque toujours bête et content de lui ; ensuite, on a créé des états exprès pour sa beauté. Être bel homme est un métier.

Le bel homme proprement dit peut être heureux — comme chasseur, avec un uniforme vert et un plumet sur la tête.

Il peut être heureux — comme maître d’armes, et trouver mille jouissances ineffables d’orgueil dans la noblesse de ses poses.

Il peut être heureux — comme coiffeur.

Il peut être heureux — comme tambour-major. Oh ! alors, il est fort heureux.

Il peut encore être heureux — comme général de l’Empire au théâtre de Franconi, et représenter le roi Joachim Murat avec délices.