Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/100

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— Je ne puis m’expliquer ici, devant tout le monde, si vous voulez m’accorder un moment…

— Demain, oui, demain, interrompit M. de Balzac, venez chez moi à midi, nous causerons de cela.

Tancrède s’inclina gracieusement et s’éloigna.

— Connais-tu ce jeune homme ? dit aussitôt M. de Balzac à son ami.

— Non, je ne sais pas son nom ; mais je le vois souvent à l’Opéra, aux Italiens ; c’est quelque agréable de province.

— Il est beau, mais je le crois fou ; qu’est-ce qu’il me veut ?

— Rien, reprend l’ami ; c’est un prétexte pour voir de plus près un grand homme. Il est bien aise de pouvoir dire en retournant dans sa petite ville : « J’ai vu Balzac, j’ai vu Lamartine, j’ai vu Berryer. » Je te le dis, c’est quelque niais de province qui t’admire.

— Merci, reprit en riant M. de Balzac.

Et il s’éloigna, non sans inquiétude, car la pénétration d’un jeune inconnu le tourmentait.