Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettre ; il ne leva pas les yeux, mais il entendit cette toux effroyable et il ne douta pas qu’elle n’appartînt à un de ses ministres. Jugeant un homme de guerre, épuisé par de nombreuses campagnes, plus capable d’en être le propriétaire que les autres ministres plus jeunes que lui, il s’adressa au ministre de la guerre, et lui dit avec bonté :

— Vous êtes bien enrhumé, monsieur le maréchal ?

Le maréchal n’était point enrhumé ; mais, trop bien élevé pour contrarier son souverain et pour détourner une marque d’intérêt qui pouvait faire envie à d’autres, il répondit en s’inclinant respectueusement :

— Oui, sire, oh ! très-enrhumé ; l’autre jour à la revue…

Et il se mit à tousser avec enthousiasme.

Tancrède était sauvé.

Une flatterie avait rendu probable ce rhume fantastique, dont le roi aurait pu s’étonner.

Il toussa de concert avec le maréchal, qui bientôt finit par le surpasser. La toux de celui-ci, d’abord flatteuse, était devenue sincère.