Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/160

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Il réfléchit beaucoup, et il alla voir une seconde fois Robert le Diable pour s’inspirer.

Madame Damoreau était encore à l’Opéra, à cette époque ; elle chanta d’une manière si admirable l’air du quatrième acte : Grâce ! grâce pour toi-même ! et grâce pour moi !… et elle était si jolie à genoux, que Tancrède fut électrisé.

Il ne comprit rien à la générosité de Robert ; la musique est si belle, qu’elle produit précisément l’effet contraire à celui qu’elle doit produire dans l’ouvrage. C’est là le mérite. Tancrède sortit de l’Opéra passionnément impitoyable, et il se dirigea vers la demeure de Malvina, armé de sa canne diabolique.

Et la pauvre Malvina, à ce pouvoir magique, à ce prestige, n’avait rien à opposer, ni talisman, ni chaperon, pas même ce redoutable défenseur des jeunes femmes, cette égide qui les préserve souvent dans de bien grands périls : la présence de ses enfants ; car le protecteur naturel des femmes est moins un vieux père, un grand frère, qu’un tout petit enfant — et Malvina, par un hasard fatal, n’avait