Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/169

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ment votre conduite me fâche, et je regrette la confiance que j’avais en vous.

Pauvre femme ! ces paroles étaient une grande faute, car elles ramenaient la conversation et toutes les pensées vers l’amour. Quand on est fâché contre un homme qu’on aime, c’est une très-grande faiblesse que de lui parler de ses torts ; c’est risquer qu’il se justifie ; et c’était une grande imprudence pour une si jeune femme que de s’exposer à écouter les excuses d’un si beau jeune homme, à deux heures et demie du matin. Un pardon accordé à cette heure est bien vite un crime pour tous deux.

Hélas ! il se justifia — par la seule excuse qui explique de semblables imprudences, par trop d’amour ; et c’est une bien bonne excuse près d’une femme ! Il demanda pardon si humblement, qu’on n’osa plus lui en vouloir. Il était si malheureux d’avoir déplu, qu’il fallut bien le consoler.

Que vous dirai-je ? à peine quelques minutes s’écoulèrent — et un changement notable s’était opéré dans le dialogue de ces gens naguère si