Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/181

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front de Malvina, voyons si cette petite tête est bien brûlante ?

Et puis il lui donna, sur le front, un affreux baiser…

Ce baiser retentit au cœur de Tancrède comme un coup de fusil ; il s’élança vers la porte et s’enfuit.

Ô DÉSENCHANTEMENT !

Ce baiser avait réveillé Malvina de sa stupeur ; un si grand danger la rendit perfide, elle se radoucit tout à coup, et d’un ton presque gracieux : Je t’en prie, dit-elle, laisse-moi, va, je t’appellerai si je suis plus souffrante ; mais va, si je peux dormir, demain je serai mieux.

Le bon M. Thélissier céda aux instances de sa femme ; il avait un peu froid, et il ne fut pas fâché d’aller se recoucher.

Malvina, seule, pleura tout le reste de la nuit, la pauvre femme ! elle pleure encore… car l’ingrat Tancrède n’est jamais revenu.

Le coup qu’il avait reçu était si fort, qu’il avait tué son amour. Malvina lui apparaissait