Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/187

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tin, dans un salon fleuri, doré, parfumé et paré des femmes les plus élégantes de Paris. Une grande crainte s’empara de lui :

— Si par mégarde, pensa-t-il, j’allais prendre ma canne de la main droite, si l’on allait me voir, que deviendrais-je ?

Il en frémit ; il éprouva tant de honte qu’il se hâta de passer dans un autre salon, moins riche, moins éclairé que le précédent, et qui était plus en harmonie avec son costume et ses pensées. Tancrède était timide et embarrassé de lui, comme si on l’avait pu voir.

Il ne fut pas encore à son aise dans ce second salon ; il y avait trop de monde, il se réfugia dans un troisième beaucoup plus petit, où il n’y avait personne, et alla s’établir devant une table couverte de livres, de journaux, d’albums, pour se donner une contenance. — Comment trouvez-vous cela ? un homme invisible qui sent le besoin de se donner une contenance ? Cela prouve que le monde agit toujours sur nous, alors même que nous sommes le plus indépendants de lui. — Cela nous prouve aussi que chacun de nos avantages est une science, et qu’il