Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/193

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sons, nous autres poëtes. Aujourd’hui, vous prenez pitié d’un pauvre reclus volontaire, et vous voulez le rattacher à ce monde qui doit vous paraître si plein de bonheur, car il vous est reconnaissant. Malheureusement, madame, le reclus est souffrant, et son médecin lui défend le monde et ses émotions.

» Daignez agréer mes excuses, et me plaindre un peu de la privation qui m’est imposée. »


Il y avait dans ce billet un ton de mélancolie qui fit rêver Tancrède. Il sourit d’un rapprochement dont il eut l’idée.

— C’est un singulier hasard, pensa-t-il, qui me fait trouver une lettre si gaie du poëte d’Atala, et un billet si gracieusement triste du chantre de Lisette.

Et puis il réfléchit, et, se rappelant la fameuse brochure de M. de Chateaubriand, publiée en 1831, et la belle chanson de Béranger : Dis-moi, soldat, dis-moi t’en souviens-tu ? il se répondit que les génies bien organisés savent réunir les deux genres : la profondeur dans le sentiment et la légèreté dans l’esprit.