Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/194

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Tout en réfléchissant ainsi, il copiait la lettre de Béranger. Il terminait à peine cette copie, une grande agitation se manifesta dans les salons de madame de D***.

M. de Lamartine, arrivé depuis longtemps, avait consenti à dire quelques vers.

Tancrède se précipita dans le salon pour l’entendre.

Tancrède n’avait jamais vu M. de Lamartine ; il le reconnut entre tous : c’est ainsi qu’il l’avait rêvé.

M. de Lamartine lut cet admirable chant de Jocelyn, ou plutôt la scène de la confession de l’évêque dans la prison de Grenoble ; car tout ce chant est une scène de drame et serait d’un effet superbe au théâtre. La voix de M. de Lamartine est pure et sonore ; il dit les vers d’une manière très-simple, mais avec inspiration et dignité, avec cette émotion profonde et voilée, d’autant plus puissante qu’elle est combattue, cette émotion contrainte si communicative qui semble se réfugier dans l’auditoire, parce que le poëte la repousse.

Chacun était ravi, transporté ; Tancrède,