Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enivré d’admiration, avait oublié où il était, qui il était, et la canne de M. de Balzac, et toutes les merveilles imaginables ; la nécessité d’être invisible était bien loin de sa pensée. Il criait avec tout le monde :

— C’est sublime, c’est la plus belle poésie qui ait jamais existé, c’est une inspiration divine !

Et toute sorte de choses fort justes que nous sommes loin de contester ; mais, en disant tout cela, il levait les bras, il gesticulait, il applaudissait, et la canne devenait ce qu’elle voulait.

Enfin, quand M. de Lamartine arriva à ces mots :


Un changement divin se fit dans tout mon être,
Quand je me relevai de terre j’étais prêtre !…


Tancrède s’étant avancé pour mieux voir le poëte, que chacun allait remercier, s’aperçut que plusieurs personnes l’observaient lui-même, et frémit.

Une femme d’un age respectable demandait son nom d’un air scandalisé ; le pauvre jeune étourdi se hâta de redevenir invisible, mais il