Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/239

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désormais je ne parlerai, je n’agirai que pour lui plaire, je ne ferai rien qui puisse l’affliger. Ah ! quel bonheur s’il m’accompagne toujours ! il verra comme je l’aime, il m’aimera… Je savais bien que mes rêves s’accompliraient !

Tout en pensant ainsi, Clarisse s’enflammait des sentiments les plus poétiques ; malgré elle ses émotions se formulaient en vers harmonieux ; ce souvenir de l’ange gardien qui présidait à ses beaux jours l’inspira ; elle passa toute la nuit à travailler, c’est-à-dire à soulager son âme par l’expression naïve de ses sentiments. — Et le lendemain, lorsque Tancrède, invisible, revint près d’elle, il la trouva aux prises avec la Muse ; il vit que le moyen qu’il avait employé pour calmer son imagination n’avait servi qu’à l’exalter encore. Cela devait être, aussi ne fut-il pas très-étonné ; n’importe, il se félicita de cette folle idée : l’agitation de la crainte avait fait place à celle de l’inspiration et cela valait beaucoup mieux.

On a fabriqué des ruches en cristal, à travers lesquelles on voit les abeilles travailler : on devrait faire les chambres des poëtes trans-