Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/243

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» Ton absence est un mal qui me fait tant souffrir !
» Oh ! donne-moi la main, montons au ciel ensemble !… »
Rapide il disparaît… puis, alors, il me semble
Que mon cœur va mourir !…

Mais je sens tout à coup pénétrer dans mon âme
Un souvenir plus doux que la voix d’une femme ;
Car mon Ange m’a dit : « Un jour tu me verras !
Quand les nobles enfants de la sainte harmonie
Poseront sur ton front les palmes du génie,
Je t’ouvrirai mes bras… »

Il ne m’abuse point ? Non ! je crois sa parole,
Comme je crois des cieux le sublime symbole !
Il sait bien qu’ici-bas il est mon seul appui.
Du livre de ma vie il a lu chaque page ;
Il sait que mon cœur, pur comme le lis sauvage,
N’a battu que pour lui !

Oh ! vous qui souriez à ce mystère étrange,
Ne me demandez pas le doux nom de mon Ange,
C’est un secret… Mon cœur, plus calme désormais,
Ne le dira qu’à Dieu… mais la foule moqueuse,
La foule qui se rit de toute âme rêveuse,
Ne le saura jamais !